Portrait de Françoise, une figure de Jeux de Regards à Baie du Tombeau.
- Sidina
- 18 janv. 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 août 2021

J’ai rencontré Françoise qui a fait le choix de Jeux de Regards pour son quartier de Baie du Tombeau. Elle a vu en ce programme pédagogique, une solution à de nombreuses difficultés de l’endroit. Voici quelques bribes de notre rencontre et le portrait de cette femme qui se dessine graduellement, au fil de notre échange :
Naturellement, on engage la conversation pour faire connaissance. Le partage de notre vécu respectif se fait dans la simplicité et une sincérité étonnante pour une première entrevue. Françoise est très disposée à écouter et accueillir l’autre. D’ailleurs, sa personnalité lui a gagné bien des cœurs pour la mission qu’elle a tout simplement suivie, tels des ‘signes’ auxquels elle a bien voulu prêter attention.
Je découvre sa force de caractère à travers les épisodes passés de sa vie personnelle en tant qu’épouse et mère, et professionnelle en tant que directrice financière d’une compagnie de publicité. Les peines, elle en a connues et l’espoir, elle l’a forgé et en a fait son moteur de vie. Elle a toujours été une femme active. Ce boute-en-train jongle aujourd’hui, entre les cours de tai-chi, de danse fitness, de violon et de dessin chinois, et ses engagements en tant que responsable de son quartier à Baie du Tombeau incluant le programme Jeux de Regards, qui a fait ses preuves aux yeux et au cœur de cette dame.
Petit à petit, son portrait prend forme. Elle le colorie avec la palette de son expérience haute en couleurs. Quelques fragments indélébiles de ce portrait se détachent pour venir s’ancrer au creux de ma main. Je les dépose, humblement, au creux de votre cœur :
Fragment ‘Enfants Espoir’
Sur la toile de sa vie, je découvre que tout a commencé par la demande de Sœur Marie Thérèse pour participer au projet de soutien scolaire ‘Enfants Espoir’. “Les enfants avaient principalement besoin de discipline. Ils avaient peu d’estime d’eux-mêmes”, se rappelle-t-elle. C’est ainsi qu’elle a entamé un programme de lecture, de compréhension et de composition en tant qu’accompagnatrice d’un groupe d’enfants du secondaire. Ces rencontres privilégiaient un échange de vécus et une transmission de valeurs pour ces jeunes qui étaient souvent sans repères. Cette expérience vécue allait lui ouvrir le chemin vers l’aboutissement d’une vie de charité et de compassion envers son prochain…
Fragment ‘Collège St Gabriel’
Cette battante s’est mise à bouger pour les habitants de Baie du Tombeau avec l’aide du fonds “Corporate Social Responsibility” de son entreprise. Françoise a su faire bon usage de ce pinceau, qu’on lui mettait entre les doigts, pour peindre la vie de nombreuses familles de son quartier, de la couleur de l’espoir et de la dignité humaine. Elle a ainsi tracé une voie à 10 enfants pour lesquels elle a réuni les fonds de financement pour une formation au collège technique St. Gabriel. Ces enfants étaient souvent victimes de préjugés et se voyaient refuser l’accès à certaines institutions techniques. Françoise les regardait avec le cœur.
Fragment ‘Jeux de Regards’
Toujours à travers les projets “Corporate Social Responsibility”, Françoise a fait la rencontre de Karine Gougerot, créatrice de Jeux de Regards. Portée par cette étincelle qui l’habite, elle a pressenti en cette rencontre un signe pour accomplir de belles choses en répondant aux besoins des enfants de son quartier. Dans cet élan, elle a proposé à Karine de « faire quelque chose à Baie du Tombeau ». Proposition que Karine a acceptée avec l’enthousiasme qui la caractérise. Une fois le financement approuvé, Françoise a enclenché le projet et a mobilisé ses ressources. Elle a constitué un groupe d’enfants avec les soeurs du Bon Pasteur aux Longères (habitations en tôle construites après un cyclone). Elle a fait appel à son groupe de quartier pour préparer et livrer le petit-déjeuner et le déjeuner aux enfants durant le programme. « Je donne la chance aux autres de participer et de donner… ‘donner’ produit de la joie », me dit Françoise, tout simplement.
Malgré les difficultés rencontrées, les choses se sont mises en place et les chemins se sont ouverts : les parents ont été convoqués, Karine leur a expliqué le projet, le prêtre a été invité, la salle d’œuvre a été mise à disposition pour que Sidina puisse créer et équiper une salle de classe pour les activités pédagogiques de Jeux de Regards. Charlène a pris son rôle d’intervenante, et le programme Jeux de Regards a enfin été rendu possible pour un groupe de 10 enfants sur une durée de 5 ans. A savoir que le dit-projet est toujours en cours, avec trois années déjà écoulées.
« C’est un cadeau tombé du ciel ; un projet béni », affirme Françoise.
En effet, c’est un projet dont les bénéfices vont au-delà de la salle de classe et suscite un impact familial et social. Comme exposé par Françoise, il fait bouger un quartier. Il touche les parents qui bougent à leur tour pour leurs familles. Il fait contribuer tout un chacun, comme a été témoin Françoise lors de la fête de fin d’année.
Et la cerise sur le gâteau, une seconde fête chapotée par Françoise, a été organisée par les employés d’Accenture. Repas, jeux et cadeaux de toute beauté sont venus donner un avant- goût d’un joyeux Noël avant l’heure.
Stupéfaite des résultats obtenus par le programme, Françoise ne pense pas s’arrêter en si bon chemin. Elle n’a fait que commencer une aquarelle qui va faire rayonner tout un quartier. Merci à cette femme bien déterminée à faire profiter Jeux de Regards aux enfants d’un quartier, qui a pendant longtemps été en souffrance. J’ai aussi appris que d’autres parents demandent à ce que leurs enfants aient accès au programme. Alors pour les vacances à venir, c’est sûr que Françoise, fonceuse comme elle est, trouvera les moyens de permettre à d’autres enfants de venir puiser à ce puits… un puits qui recèle une pédagogie qui continue de faire ses preuves auprès des enfants mauriciens.
Krystel Joseph Duval
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